jeudi 25 octobre 2007

L'ombre

(d'après l'oeuvre originale de Wayne Mondok)


L’ombre

Assise à l’ombre d’un parasol,
J’aperçus l’ombre d’une enfant
Qui, avec l’ombre d’une pelle,
Faisait l’ombre d’un château de sable.

samedi 20 octobre 2007

La rentrée


La rentrée

Ce matin, en faisant ma marche, je rencontrais des parents avec des bébés dans les poussettes et de jeunes enfants qui s’en allaient à l’école, sac au dos pour la première fois.

Que c’est loin pour moi, cette époque, et pourtant elle s’est étirée sur plusieurs décennies. Les deux plus vieux dans les années ‘70, mon plus jeune dans les années ‘80 et ma petite-fille dans les années ’90 et 2000. Ça me faisait ennuyer, mon temps est déjà passé. La joie régnait dans la cour d’école, les enfants couraient, riaient, heureux de se retrouver. Quelques-uns étaient inquiets. Ça peut être pénible la première fois.

L’école fait toujours une fête pour aider les enfants à s’acclimater. De la musique, souvent des hot-dogs au dîner et l’après-midi visite des locaux pour les parents.

Autrefois, la rentrée se faisait après la fête du Travail, maintenant elle se fait plutôt dans la dernière semaine du mois d’août.

Aujourd’hui, il fait un soleil radieux, on prévoit un 30 degrés Celsius. L’école reprend, tout rentre dans l’ordre. C’est quand même un peu triste de quitter l’été et les vacances.

jeudi 18 octobre 2007

Feuilles d'automne


Feuilles d’automne

Une feuille est tombée sur mon livre
Mon livre rempli de feuilles
Feuilles blanches parsemées de mots
Mots qui font vibrer mon cœur
Mon cœur aguerri par les années
Les années qui filent sans cesse
Et sans cesse tombent les feuilles
Feuilles séchées par le vent emportées
Vent d’automne qui chasse l’été
L’été et ses beaux jours perdus
Perdus comme ma jeunesse.

dimanche 14 octobre 2007

Les comédiens

(Ingrid dans Don Juan, de Molière)


Les comédiens

De tous les arts qui recherchent la renommée
Celui d’acteur est le plus incertain
Pourtant chez les jeunes il est très convoité
Gloire et richesse espèrent-ils pour demain.

Il faut beaucoup de travail, de persévérance
Pour percer dans ce monde de cabotins
De la chance, de la chance et encore de la chance
Une carapace solide contre les injustices, les critiques et les potins.

Il en est des grands, des surdoués des planches
Fernandel, Chaplin, Noiret, Gabin,
Morgan, Signoret, Adjani, Marceau, ma mémoire flanche
À Ingrid, le succès pour demain !

jeudi 11 octobre 2007

Le Rital de l'aéroport

(l'acteur français Philippe Noiret)


Le Rital de l’aéroport

Curieux comme des faits anodins peuvent refaire surface régulièrement dans nos activités quotidiennes. Bien souvent, quand je nettoie la cage de mon canari, je repense à cet Italien qui nous avait accostés à l’aéroport Charles-de Gaulle en 2002. Pour mes soixante ans, Éric m’avait offert un voyage d’une semaine à Paris avec Normand, et Gabriel, lui, me donnait un canari, connaissant mon penchant pour les oiseaux.

Nous avons profité de ce séjour au maximum. Toute une semaine à marcher Paris dans tous les sens. Mais souvent, je pensais à mon oiseau, je me demandais s’il avait commencé à chanter, si Gabriel s’en occupait bien.

Le matin de notre retour, à l’aéroport, un Italien se présente à nous, sachant que nous attendions le vol pour Montréal. Il nous dit que sa femme était en visite chez leur fille à Montréal et qu’elle souffrait du cœur. Elle prend des médicaments, mais il lui en manque et il nous demande si nous voulons bien lui en apporter, sa fille viendrait les chercher chez nous. Nous sommes un peu réticents. S’il s’agissait de drogue, ou de quelque manigance et qu’on se faisait prendre aux douanes ? Il voit notre hésitation et commence à nous parler de lui et de sa famille pour nous rassurer.

Il avait travaillé toute sa vie au Moulin Rouge comme placier, rentrait tard la nuit, sa femme restait à la maison, s’occupait des enfants. Il avait beaucoup de reconnaissance envers elle, parce qu’elle avait été compréhensive étant donné son travail dans une boîte de danseuses nues et peut-être aussi pour quelques excès.

Nous avons pris les médicaments et lui, parti sur sa lancée continuait à raconter sa vie. C’est seulement à l’appel de notre vol que nous nous en sommes débarrassés.

De retour chez nous, Normand a téléphoné à son épouse pour qu’on vienne récupérer les médicaments. Et pendant cet appel, moi je nettoyais la cage de Picolo. C’est pourquoi maintenant, quand je nettoie la cage du canari, il m’arrive souvent de penser à cet événement.


Tant d’intérêts pour des personnes que je ne connais pas, que je ne reverrai jamais et qui font partie d’un petit bout de ma vie.

lundi 8 octobre 2007

Perrette s'en va au marché

(d'après l'oeuvre originale de Josée Gauthier)


Perrette s’en va au marché

Dans mon quartier, habite une vieille dame
Qui tous les matins clopin-clopant
Au marché s’en va gaiement
Sous le soleil ou sous la pluie
Été comme hiver sans compromis
Toujours, elle va en marchant.

En après-midi, même manège
Sac au bras, toujours alerte
C’est vers un autre commerce
Que sa marche la conduit
Je suis tout ébahie
Devant autant d’acharnement.

Est-ce pour la mise en forme
Pour voir du monde et partager
Ou une lubie de vieille femme désabusée
Qui n’a pour tout désennui
Que ses marches à l’épicerie
C’est admirable et navrant en même temps.

Elle s’est trouvé une raison d’être
Qui surprend peut-être
Et malgré nos airs consternés
Perrette s’en va au marché.

Le miroir

(d'après l'oeuvre originale d'André Larchevêque)


Le miroir

Cette jeune femme tout de blanc vêtue,
Coiffure haute et taille fine,
Qui sort de l’église au bras de son élu,
Elle est amoureuse et se fout des rides.

Là-bas dans le parc, avec deux jeunes enfants,
Souriante, enjouée, l’air d’une gamine,
Peut-elle imaginer en ce moment
Qu’un jour, elle aura des rides.

Travaillant sans relâche du matin au soir,
Pour le bien-être de sa famille,
C’est sans trop s’en apercevoir
Qu’insidieusement se sont installées les rides.

Est-ce bien la même femme devant son miroir,
Légèrement enrobée, les cheveux blanchis ?
C’est une femme heureuse, remplie d’espoir,
Une grand-mère ridée, mais qui aime la vie.

Dimanche


Dimanche

Dimanche ensoleillé de juin,
Journée magnifique pour jouer dans les fleurs,
Tout est vert, d’un vert qu’on ne voit qu’à ce temps-ci de l’année.

Un vent léger chatouille les feuilles,
Le chant des oiseaux revigore mon canari abattu par sa mue,
On voudrait arrêter le temps pour jouir pleinement de ce spectacle.

Elle aussi voudrait arrêter le temps,
Encore jeune, assisse dans son fauteuil roulant, atteinte d’une maladie dégénérative,
C’est probablement son dernier été.

Gatineau en musique

(Normand au parc de la Confédération à Ottawa)

Gatineau en musique

Partis tôt le matin, nous roulons sur l’autoroute 15 sur la musique de Joe Dassin. Plus de 25 ans après sa mort, sa musique nous touche encore et les paroles n’ont pas vieilli. Nous entrons dans Lachute sur « Mon village au bout du monde », vient ensuite « Le Café des Trois-Colombes », suivi de « Dans les yeux d’Émilie », chanson qui parle du froid de l’hiver ressenti plus intensément par la perte de l’amour. Nous sommes alors dans un petit village pauvre et perdu dans les bois, où l’on doit se sentir terriblement isolé par les froides journées d’hiver. C’est avec la poésie de Clémence que nous longeons les doux paysages de la rivière des Outaouais. Et nous entrons dans Gatineau sur la musique cubaine de Beach Party.

Notre première visite est pour le Musée national des beaux-arts du Canada à Ottawa. On y expose des paysages d’Auguste Renoir. Je suis impressionnée par la façon dont il peint des personnages sans les dessiner vraiment. Après la visite, nous décidons de luncher dans un parc voisin du musée. Je prends en photo une jeune punk avec une ombrelle près d’un lampadaire. J’aimerais la peindre au pastel.

Ensuite, nous nous promenons dans quelques rues avoisinantes en nous attardant dans les rues du marché. C’est un coin pittoresque avec cafés-terrasses qui fait penser à l’Europe.

En fin d’après-midi, nous arrivons chez Joanne et Daniel. Avec eux, nous nous rendons au quai des Artistes pour la croisière sur la rivière des Outaouais. Croisière de quatre heures, avec souper. Le temps est doux, le décor magnifique et la fin du jour nous réserve un splendide coucher de soleil qui rosit tout le paysage.

Nous passons la nuit chez nos amis. Le retour s’effectue par le même chemin. Cette fois, c’est la musique mexicaine qui prolonge la fête. La fin du voyage se fait avec Dan Bigras et ses chansons de Reggiani, Léveillée, Vigneault, Ferland et Richard Desjardins avec sa voix rocailleuse qui donne plus de poids aux paroles et qui fait mal, d’un mal qui fait du bien.

Voyager en musique, c’est comme voyager deux fois.

Mary Collin


Mary Collin

En 1951, j’ai neuf ans. Depuis ma naissance, j’habite sur la rue de la Fabrique. L’appartement de quatre pièces devenu trop petit, nous déménageons sur la rue St-Joseph.

Sur cette rue, juste en face de la rue St-Césaire, il y avait une maison étrange qui abritait un petit restaurant, aujourd’hui nous dirions dépanneur, mais à l’époque, ce mot n’existait pas.

Cette maison était en bois recouvert de papier goudron noir. Les seules décorations étaient des annonces de 7up, Coke et Pepsi en métal, clouées au mur de la façade. Un énorme thermomètre ornait le cadrage de la porte. La galerie était basse avec une seule marche. La cour était envahie de broussailles et de mauvaises herbes qui empêchaient la libre circulation.

Mary Collin habitait cette demeure. C’était une septuagénaire à l’accent anglais. Son petit restaurant occupait la pièce avant de la maison. L’intérieur ne reniait en rien l’extérieur de la bâtisse. Il était sale et encombré.

Il y avait un comptoir vitré qui contenait des bonbons vendus « à la cenne » : lunes de miel, boules noires, caramels, encores, etc. Un réfrigérateur contenait de la crème glacée et des friandises. Pour cinq sous, on pouvait avoir un cornet à une boule, un fudgesicle, un popsicle. Les revels et les mel-o-rolls se vendaient dix sous ainsi que les cornets à deux boules. Sur des tablettes derrière le comptoir, des cigarettes en paquets et quelques conserves qui dataient.

Il y régnait une malpropreté qui serait intolérable de nos jours.

Une ouverture munie d’un rideau en guise de porte donnait sur la cuisine qui était elle aussi à l’abandon. Sur la table, une montagne de vieux journaux et des cochonneries de toutes sortes. Mary n’avait qu’un petit espace de libre pour mettre son assiette.

Pour nous les jeunes, c’était une sorte de sorcière. D'abord, elle était étrangère, elle s’était mariée et avait vécu aux Etats-Unis. Et ce qui n’arrangeait rien, elle était protestante et tirait aux cartes.

J’étais trop jeune à l’époque pour la faire parler. Aujourd’hui, comme j’aimerais qu’elle me raconte sa vie, comment elle en était venue à s’installer à St-Vincent-de-Paul et en quelle année !

Quatre ans plus tard, nous déménagions à nouveau et je ne l’ai plus revue. Puis un jour, j’ai appris sa mort, comme ça…

Sa maison est toujours là, rénovée. Et peu de personnes aux alentours ont connu Mary Collin…

jeudi 4 octobre 2007

Framboises


Framboises

Framboises, petits fruits délectables
Placées sur ma table
Dont les enfants se régalent
J’en suis ravie.

Vous poussez près de l’étable
D’une expansion redoutable
La pluie vous est agréable
Le soleil aussi.

Vos petits grains haïssables
Sous les dentiers des notables
Sont très désagréables
Tant pis !

En juillet, c’est formidable
Des confitures en bocal
Pour déguster en tartinade
Me mettent en appétit.

Chocolat et framboises, collation agréable
Framboises et crème glacée, dessert appréciable
Toutes autres suggestions acceptables
Merci.

Le secrétaire

(Village cher à mes parents)


Le secrétaire

C’est un vieux meuble très rustique
Fabriqué dans le bois d’une vieille armoire
Mon père, amoureux romantique,
L’a fait de ses mains par les soirs.

Il y a beaucoup d’amour dans ce secrétaire
Aucun clou n’est apparent
Il contient quatre tablettes et trois compartiments
Un panneau s’abaisse pour écrire en solitaire.

La porte est munie d’une vitre et ferme à clé
Son cadeau, maman l’a toujours protégé
Il avait bonne place au salon
C’était une commande de Cupidon.

Depuis vingt ans, j’en suis propriétaire
Encore propre, il est très avancé en âge
J’y suis attachée, j’en suis fière
Je l’ai reçu en héritage.

La grande folle


La grande folle

C’est dans l’allée des fruits
Que la première fois je la vis
Grande dégingandée
Vêtue pour provoquer.

Cheveux teints blonds, décolleté plongeant
Pantalon taille basse et bedon apparent
Elle souriait satisfaite d’elle-même
Les employés riaient sous cape, tout de même.

Soudain, je reconnus
Celui qui habitait à deux rues
Homme d’apparence saine
Il s’est affirmé dans la cinquantaine.

À la voir s’exhiber fièrement
Elle semble satisfaite du changement
Mais les rires observés sur son passage
Laissent croire à une âme troublée bien davantage.