mardi 24 juin 2008

Souvenirs, souvenirs...


Souvenirs, souvenirs…

Le grand vent du large
Ne fera pas tourner ses ailes
Il revendique l’apanage
De séduire la clientèle

C’est dans cette petite auberge
Il y a longtemps déjà
Que sans cesse sur le juke-box
Tu faisais chanter à Pétula :

« Je me sens bien auprès de toi !
J’ai l’impression d’être en vacances,
Même quand tu dis rien,
Même quand tu fais rien,
Je suis bien,
Avec toi, je suis bien »

C’était l’été, les vacances
Qu’il est loin ce temps-là
Je voudrais que tout recommence
Chante encore Pétula

mardi 17 juin 2008

Les nouveaux curés


Les nouveaux curés

Dans mes jeunes années, la population du Québec était sous la domination des curés. Une famille qui limitait les naissances était montrée du doigt. Tout comme une femme ne se serait jamais montrée en short sur la rue. Avec la « Révolution tranquille », on a tout jeté par-dessus bord et nous sommes devenus libres. Mais petit à petit, le pendule revient vers la droite. De nouvelles religions s’installent et un peu n’importe qui devient directeur de conscience.

Il y a les curés de l’environnement. Cet hiver, la chenillette à neige a arraché une lisière de mon gazon en bordure du trottoir. Avec les beaux jours, j’ai rajouté de la terre et semé du gazon. Un matin que je l’arrosais à la main, un inconnu qui passait au coin de la rue m’a crié sur un ton méprisant : « Ménage l’eau ! » Et ces gendarmes du recyclage, toujours prêts à juger de ce que les autres mettent ou ne mettent pas dans leurs bacs.

Il y a ceux qui savent comment élever les enfants qu’ils n’ont pas. Dernièrement, j’étais au super marché avec mon petit-fils de deux ans. Il a voulu monter dans le panier, a glissé et s’est frappé la bouche. Comme il pleurait beaucoup, un vieux monsieur qui n’avait rien vu a dit à un autre : « Regarde cet enfant gâté. Moi je lui maudirais une claque sur la gueule ! » Vieux schnock !

Il y a les surveillants de la santé publique. Si je fais du vélo ou du patin à roues alignées sans casque protecteur, je sens souvent des regards réprobateurs.

Et qu’est-ce qui m’attend dans un âge plus avancé ? On commence déjà à ostraciser les vieux qui vont engorger les hôpitaux. Comme s’ils n’avaient pas assez contribué dans leur vie « active ».

Je crois être assez intelligente pour savoir ce que je dois faire et je n’admets pas que des personnes au jugement douteux viennent me jeter la pierre.

« La vraie éloquence se moque de l’éloquence, la vraie morale se moque de la morale »
Pascal, Pensées.

mardi 10 juin 2008

Jour de pluie

(D'après l'oeuvre originale de Marc-Aurèle Fortin)

Jour de pluie

Assise à la fenêtre, mon être
Regarde passer le temps en flânant
La pluie tombe en trombe
Poussée par le vent cinglant

Un corbeau noir sur un fil noir
Craille à sa belle rebelle
Tandis qu’en bas foirent, sur le trottoir
Les nerveuses séquelles de la cruelle

Sur le bitume pullulent
Autos et camions de front
Dans le pavé craquelé et troué
L’eau éclabousse les piétons bougons

Deux amoureux en cirés bleus heureux
Passent en avant, se bécotant
Ils sont sortis pendant l’accalmie, ravis
De humer l’air vivifiant quelques instants

Dans mon fauteuil rembourré pourpré
À l’abri, mon imagination pond
Des idées farfelues et conçues
Pour amuser galeries et balcons, coudon

mercredi 4 juin 2008

Brigitte


Brigitte

Voici une femme pour qui j’ai beaucoup d’affection : ma belle-mère. Brigitte naquit en 1915, à Saint-Marc-des-Carrières. À l’âge de trois ans, elle prend le train avec sa famille qui part défricher une terre à La Reine, en Abitibi. Un long voyage de vingt-cinq heures. Elle a eu une enfance heureuse, malgré l’existence très dure et pauvre des colons.

À onze ans, elle refait seule, en sens inverse, le trajet en train qui l’amènera jusqu’à Arthabaska dans les Bois-Francs. Elle restera au couvent trois ans. Puis elle ira terminer ses études, pendant trois autres années, chez les sœurs de la Congrégation Notre-Dame, à Sainte-Thérèse au nord de Montréal. Elle y obtiendra son brevet d’enseignante. Son diplôme en main, elle sera engagée à Laferté, en Abitibi, dans une école de rang. C’est à Saint-Ubald, comté de Portneuf, qu’elle viendra enseigner ensuite pendant deux ans.

En 1938, elle épouse Lucien, mon beau-père. Ils habitent Rosemont. Ils ont déjà trois enfants quand ils viennent s’installer à Saint-Vincent-de-Paul, en 1943. Cinq autres enfants naîtront par la suite.

Elle surmonta plusieurs épreuves, fausses-couches, opérations, la trisomie du dernier-né, la vie souvent difficile des familles nombreuses.

Aujourd’hui, à quatre-vingt-treize ans, elle vit chez sa fille entourée de ses enfants. Mais avec l’âge, elle n’a rien perdu de sa coquetterie. Quand elle a su que je faisais son portrait, elle a demandé ce qu’elle portait sur la photo.

Je crois que de vivre en famille plutôt qu’en institution, est un gage de longévité.