vendredi 31 octobre 2008

Le bouquet


Le bouquet

Que faites-vous là petite fille
Avec ces fleurs fraîchement coupées
Que faites-vous là jeune fille
Avec ces fleurs, ces fleurs séchées
Que faites-vous là jolie femme
Avec ces fleurs qui se fanent
Que faites-vous là vieille femme
Avec ces fleurs qui meurent
J’attends le vainqueur

Jacques Prévert

Si mon visage
A quelques traits un peu vieux
Sachez qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire affront
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front

Pierre Corneille (... merci Gabriel)

vendredi 24 octobre 2008

À mon ami Liedich


Je voudrais offrir ce pastel à mon ami Liedich qui m'a fait un si beau poème intitulé "Les recettes de Grand-Mère". Pour ma part, je lui ai peint un endroit exotique où mettre ces recettes en pratique.

Les recettes de Grand-mère,

A mon amie Solange,
Poésie et peinture en douce sincérité

L’amour,

Prendre un cœur à aimer,
Un corps qui vous inspire,
Et dont l’envie transpire,
Pour de vos mains, le lire.

Etre doux comme rose,
Et si la dame n’ose,
Etre pétale qui propose,
A la belle qui dispose.

Savoir être le lien,
Entre le tien, le mien,
Soigner son beau jardin,
Pour récolter son teint.

Faire bouillir ses sens,
Et en être gourmand.
Offrir la bienséance,
Au bien gouteux friand.

Goûter sa lèvre fraise,
Et caresser sa vie,
Ne prendre que sa lie,
Sans cultiver l’impie.

Multiplier caresse,
Mettre vos corps en tresse,
Faire des galbes une messe,
Et communier en liesse.

S’abreuver à sa source,
Garder de la ressource,
Ne point faire la course,
Lui offrir la grande ourse,

Quand de ses yeux au ciel,
Le corps doux comme miel,
Encore d’un cri appel,
Elle est en irréel.

Puis, contre Elle, vous blottir,
Etre l’amour soupir.
Et, lovés, s’endormir,
Pour rêver d’avenir.

Liedich le dix-neuvième d’octobre 2008 ev

dimanche 19 octobre 2008

Automne


Automne

Je suis allée faire un dernier adieu aux feuilles dans le petit bois Papineau. Elles avaient mis leurs belles couleurs chaudes de jaune, d’ocre et de rouge pour affronter le temps plus frisquet. D’ici quelques jours, la pluie et le vent auront raison d’elles. Certaines, déjà séchées crissaient sous mes pas. C’est un spectacle dont je ne me lasse pas.

C’est le manque de luminosité qui rend les feuilles si belles. Ironiquement, ce manque de lumière nous rendra blafards pour les six prochains mois.

Brume : le monde y repose encore.
Bois et prairies rêvent encore.
Bientôt, quand tomberont les voiles,
Tu retrouveras le ciel bleu ;
Le monde atténué, qu’exaltera l’automne,
Ruissellera d’or chaleureux.

A. Morike, Matin de septembre

mercredi 15 octobre 2008

Un incendie !


Un incendie !

Cette semaine, j’ai pensé vous faire connaître un peintre expressionniste de talent, promis à un brillant avenir.

Il s’agit de la représentation d’un incendie. La vigueur de la touche, les rapports de couleurs insolites sont au service de l’intensité expressive. Cette peinture, imprégnée de primitivisme, cultive les simplifications formelles, la violence graphique, l’irréalisme de la couleur. Ainsi, dans la couleur rose à gauche le peintre exprime sa vision d’un camion d’incendie.

C’est le premier dessin de mon petit-fils Arnaud, trois ans, à la prématernelle…

jeudi 9 octobre 2008

Quand je serai très vieux

Paul Newman
(1925 - 2008)

Quand je serai très vieux

Quand je serai très vieux
Demain peut-être
Quand l’ange tournera discrètement la page inachevée
Quand j’aurai fini de traquer les mots
Défaillant d’en avoir tant mis sur la page
Quand viendra le temps de partir
Toute parole close
L’âme bleue pareille au silence
Et livrée aux confins de l’absence

Quand il faudra s’en aller sans rien trahir
Que nulle hâte ne tirera plus par la manche
Que sera passée l’heure des floraisons et des peines

Quand il faudra remiser la plume avec le sablier
Replier mes solitudes avec mes amitiés
Ranger mes rêves dans l’armoire aux ténèbres

Ce jour-là toutes mes nuits au bout des mains
Je fermerai les yeux de la mémoire
Tendu dans l’attente de la lumière
Transi de tenace espérance

L’âme enfouie dans ses feuillages
Ses heures résignées en un vaste songe
J’abandonnerai ma main consolée dans la tienne
Ce sera le matin, je pense.

Fernand Dumont (La part de l’ombre)

jeudi 2 octobre 2008

Tristesse


Tristesse

Il est passé
Sur un vieux vélo
L’allure bizarre
Un grand chapeau
Il pédalait tranquillement
Par cette chaleur
Il portait des gants
Il avait l’air de ces « hobos »
Comme il y en a tant
Aux abords du métro.

Il est entré
Dans la cour d’une amie
En passant, j’ai salué
Et fus surprise
De reconnaître son mari
Opéré dernièrement
Pour un cancer récalcitrant
Chapeau et gants servant de protection
Contre le soleil
Et ses chauds rayons.
Le cœur gros
Je continuai ma route
Peinée et déçue de mes propos.

Ne serait-il donc pas à craindre que cette sévérité continuelle de nos jugements ne nous fît contracter une habitude d’humeur dont il deviendrait malaisé de nous dépouiller ensuite ? Le seul moyen d’empêcher que cette humeur prenne sur nous trop d’empire, serait peut-être d’abandonner la petite et facile critique des défauts pour la grande et difficile critique des beautés.
Chateaubriand