dimanche 30 mai 2010

Ma plume

abeilles50 a lancé un nouveau défi : écrire sur « ma plume ».

Ma plume

Ma plume est une plume sage
Elle sait que je la partage
Avec crayons, craies et pinceaux
Pour peindre mes tableaux

Mais quand entre mes doigts je la glisse
Et que songeuse à mes lèvres elle rapplique
Nous écrivons bonheur suprême
Quelques rimes ou poèmes

Pour la remercier de son accompagnement
Je la traîne avec moi amoureusement
Elle est témoin de mes joies, de mes peines
C’est une amie dans tous les sens du terme

Elle est longtemps restée muette
Elle est timide et secrète
C’est sans trompettes ni fanfares
Qu’elle est sortie du placard

Maintenant que je vous l’ai présentée
Elle retourne à son encrier
Comme je l’ai dit en début de page
Ma plume est une plume sage

dimanche 23 mai 2010

La valeur des choses


La valeur des choses

C’est incroyable, l’attachement que nous pouvons avoir pour des objets qui ne nous sont plus d’aucune utilité.

La semaine dernière, mon frère changeait de résidence pour une maison mieux adaptée à ses besoins. En faisant ses boîtes, j’essayais de lui faire jeter des choses devenues complètement inutiles et dont il ne se servira plus jamais. Il n’a jamais voulu.

Quand ma mère est décédée, vider la maison fut toute une aventure. J’avais donc pris la résolution d’éliminer à mesure ce qui ne nous servirait plus, pour éviter cette corvée à mes enfants.

Pour certaines choses, ça va de soi, mais pour les livres… Même si on ne les relit plus, c’est difficile de s’en défaire. Certains objets reçus en cadeau, ou encore des souvenirs des enfants quand ils étaient jeunes, les vieilles photos jaunies, et quoi encore… En fin de compte, je crois bien que mes enfants auront la lourde tâche de tout jeter.

Objets inutiles et sans valeur
Pourquoi vous suis-je si attachée
Est-ce ma vie que j’ai peur
De sentir s’en aller ?

samedi 15 mai 2010

Promenade au Centre de la nature

Le Centre de la nature, inauguré en 1970, fut aménagé dans une carrière désaffectée.


Canotiers sur le lac l'été. L'hiver place aux patineurs.


Le Village des arts.
Reconstitution d'un village ancien, on y tient des expositions de toutes sortes.


Cygnes en quête de bouchées de pain.


Nous suivons leurs pas.


Pont de la marre aux nénuphars


Le p'tit train fait tchou tchou.


Le vieux concasseur de pierres aujourd'hui sert d'observatoire.

Chemin sous les bois l'été, l'hiver piste de ski de fond.

(Les photos sont de Normand)

vendredi 7 mai 2010

Le dernier adieu de Rachel

Pastel d'après une photo de Meretnature

Pour la fête des Mères


Le dernier adieu de Rachel

C’est au mois de mai 1992 que Rachel, assise dans son fauteuil roulant poussé par son gendre, et accompagnée de son Ernest, est venue revoir la maison où elle a vécu avec sa famille durant vingt-cinq ans.

C’était une vieille maison ancestrale de six pièces, en bois jaune avec les garnitures brunes et munie d’une bay-window à l’avant. À l’arrière, un vieux garage de bois qui ignorait la peinture et une cour immense, avec des arbres, trois pruniers, des framboisiers, un potager et des fleurs autour de la maison.

Pour la première fois depuis leur départ de leur Kamouraska natal, ils se sentaient vraiment chez eux. Ils avaient comme voisins deux familles dont la cour côtoyait la nôtre.

Souvent, les soirs d’été, les jeunes voisins faisaient de la musique, et tout le monde se réunissait dans la cour. Ça chantait et faisait la fête parfois très tard.

Puis les enfants se sont mariés les uns après les autres. La maison se vidait, mais ils revenaient très souvent. Tout l’été, les enfants et petits-enfants venaient se baigner dans la piscine paternelle et pique-niquer dans la cour.

Puis un jour, mes parents durent quitter ce paradis quand un promoteur acheta tous les terrains et démolit le duplex des voisins pour construire des condos dans ce site enchanteur. Leur maison a été épargnée parce qu’elle était classée patrimoniale, mais ils ont dû la quitter quand même.

Mais, en ce matin ensoleillé du mois de mai, ce n’était pas à ces malheurs qu’elle pensait, Rachel, quand elle dit de sa voix faible et chevrotante de femme atteinte de la sclérose latérale amyotrophique : « Que c’était beau ! Que c’était beau ! »

C’était la dernière fois qu’elle voyait sa maison. Un mois plus tard, elle décédait.

Bonne fête Maman !

samedi 1 mai 2010

Le vieux solitaire

Acrylique sur toile 40x30 cm

Le vieux solitaire

Je suis tel qu’un ponton sans vergues et sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

Les vents sifflaient jadis dans ses mille poulies.
Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus,
Il roule, vain jouet du flux et du reflux,
L’ancien explorateur des vertes Australies !

Il ne lui reste plus un seul des matelots
Qui chantaient sur la hune en dépliant la toile.
Aucun phare n’allume au loin sa rouge étoile ;
Il tangue, abandonné tout seul sur les grands flots.

La mer autour de lui se soulève et le roule,
Et chaque lame arrache une poutre à ses flancs ;
Et les monstres marins suivent de leurs yeux blancs
Les mirages confus du cuivre sous la houle.

Il flotte, épave inerte, au gré des flots houleux,
Dédaigné des croiseurs aux bonnettes tendues,
La coque lourde encor de richesses perdues,
De trésors dérobés aux pays fabuleux.

Tel je suis. Vers quels ports, quels récifs, quels abîmes,
Dois-tu les charrier, les secrets de mon cœur ?
Qu’importe ? Viens à moi, Caron, vieux remorqueur,
Écumeur taciturne aux avirons sublimes !

(Léon Dierx)